Ange à la garderie… Démon à la maison ?

ÉDUCATION

P’tit loup mange ses légumes sans rechigner lorsqu’il est à l’école, alors qu’il se transforme en véritable diable en voyant les carottes dans son assiette au souper ? ­Cocotte s’endort en un rien de temps à la garderie, mais elle vous donne des sueurs tous les soirs avant de trouver le sommeil ?

Mamans, décomplexez ! ­Il est tout à fait normal que votre enfant adopte un comportement plus difficile en votre présence. Cessez de remettre en question vos compétences parentales, car cette tendance est la preuve que votre enfant se développe sainement.

Eh oui, car les petits adoptent intuitivement un réflexe archaïque propre à tous les mammifères. En effet, en dehors d’un milieu totalement sécurisant pour eux, ils n’exprimeront peu ou pas leur détresse par crainte de se montrer vulnérables. En d’autres mots, ils attendront d’être de retour à la maison, entourés de leurs parents qui les aiment inconditionnellement, pour laisser exploser leur soupape émotionnelle.

Tout au long de la journée, les enfants font face à plusieurs situations contraignantes et règles limitantes. Ils s’adaptent de leur mieux à la réalité d’une vie sociale et accumulent du stress, de la tristesse, des déceptions, des frustrations et de la fatigue. Ce n’est que de retour dans leur foyer qu’ils se permettront d’extérioriser leurs émotions. Ainsi, il ne suffira que d’une petite contrariété ou d’un refus pour déclencher une grande explosion, simple expression des tensions accumulées au cours des dernières heures.

Ces crises sont réservées aux parents, puisque ­ceux-ci représentent les figures d’attachement principal de l’enfant. Ils ont nourri son sentiment de sécurité intérieur depuis sa naissance en étant présents auprès de lui lorsqu’il avait besoin de réconfort, d’apaisement, de soins et de tendresse. L’enfant sait d’instinct qu’il peut leur faire confiance et se décharger de toutes ses tensions émotionnelles, sans craindre de perdre leur affection. Au fond, ces explosions sont la preuve que vous avez su convaincre votre enfant de votre amour inconditionnel à son égard.

Bien qu’il puisse être difficile de concilier l’heure du souper et la gestion des crises, il est important de se rappeler que ­celles-ci ne sont pas dirigées contre le parent. Elles ne sont qu’une façon naturelle et bénéfique pour l’enfant de se calmer et d’éviter de refouler son vécu émotionnel. C’est en traversant la tempête à vos côtés qu’il retrouvera sa sérénité. Avec les années, il pourra ensuite découvrir d’autres stratégies, mais pour le moment, ses décharges émotionnelles sont la seule façon pour lui de se soulager. Il ne s’agit en aucun cas d’un mauvais comportement, mais plutôt d’une technique assez malhabile d’exprimer son inconfort et de renouer avec l’amour parental. C’est une occasion de recharger le réservoir d’amour de l’enfant avec tendresse et empathie.

Il est aussi intéressant de se rappeler que ­nous-même, en tant qu’adulte, avons tendance à adopter la même stratégie. Lorsque vos collègues vous irritent au bureau, ­avez-vous tendance à pleurer ­sur-le-champ ou à refouler vos émotions, qui sortiront ensuite maladroitement à la maison ? ­Vous ­arrive-t-il parfois de vous énerver pour une brassée de linge oubliée dans la laveuse ou pour une tâche promise et non accomplie ?

En ­demandons-nous plus à nos enfants que nous sommes capable d’en prendre ­nous-même ?

Caroline Langevin
Éducatrice de formation, Caroline travaille en service de garde depuis 15 ans. Passionnée du domaine de la petite enfance, elle termine actuellement un baccalauréat en éducation. Elle est aussi l’auteure de romans et de livres pour enfants.

Facebook : CarolineLangevinAuteure

Par Caroline Langevin

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